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Interview avec Kevin Ringeval l’un des co-fondateurs de « l’Aérosol » : La SNCF s’associe avec l’un des nouveaux spots du Graffiti parisien

Le jeudi 3 août dernier l’équipe de Not Only Hip Hop c’était rendu au nouveau lieu hype parisien, l’Aérosol.

Au départ on était venu uniquement pour assister au DJ set de DJ Suspect et on est arrivé dans un endroit qui nous a surpris, on vous raconte.

L’entrée gratuite, des graffitis et tags poser un peu partout sur les premiers murs, des foods trucks, des gens qui chill et pique nique, une allée entière rempli de graffitis, une boutique qui vend du matériel de graffiti, on se dit mais ou est-ce qu’on a atterrit ? En parlant avec quelques personnes notamment Swan de Maquis’Art il commence à nous parler de ce spot et là on a compris la puissance du spot, qui fait déjà beaucoup parler de lui.

Quelques jours plus tard on c’est dit que l’on voulait en apprendre plus. On a donc contacter l’un des co-fondateur de l’Aérosol, Kevin Ringeval pour une interview.

Voici donc le témoignage et l’échange que l’on a pu avoir avec lui.

1) Pour ceux qui ne te connaîtrais pas, est-ce que tu pourrais te présenter ?

Je suis Kevin Ringeval, le fondateur et l’un des co-directeurs de ce nouveau lieu parisien qui est l’Aérosol.
Ça va faire maintenant une vingtaine d’années que je suis directeur artistique sur différents projets, notamment dans le secteur musicale.
J’ai travaillé auparavant sur le montage de plusieurs lieux comme l’Usine Éphémère et j’ai été directeur de festival lié à la musique électronique, le Printemps de Bourges, programmateur à la Dame de Canton. J’ai commencé quand j’avais 20 ans, ma culture est Rock’n Roll et activiste dans l’électro.

2) As-tu déjà touché à des éléments de la culture hip hop ?

Je viens du 95 (Cergy-Pontoise). Il m’est arrivé de toucher aux cultures urbaines, notamment lors d’un événement qui s’appelait 100 contests à Cergy et un autre dédié au Hip Hop à Argenteuil. Si mes premiers amours sont Technos et Rock, ma culture est également Hip Hop.

J’ai été bercé par Radio Nova, radio sur laquelle j’ai découvert NTM, Dee Nasty. Ce n’est pas une culture qui m’est étrangère car je suis intéressé aux cultures de manières générales.

3) Quel est ton avis par rapport au street art ? Qu’est-ce que tu penses de la scène graffiti d’aujourd’hui en France et à l’international ?

Pour être honnête, c’est pas un milieu que je connais très bien. J’ai tagué quand j’avais 18 ans, j’avais monté mon crew mais j’étais très mauvais, j’ai donc très rapidement abandonné et j’avais pas suffisamment la niaque.
Du coup vu que je ne maîtrise pas totalement ce projet on va les chercher là où elles sont. C’est pour cela que l’on c’est associé à Maquis’Art avec David le fondateur de Maquis’art.

C’est donc eux qui font appel à des graffeurs, c’est eux qui vendent des bombes, ils sont également en train de monter un musée qui va ouvrir le 1er septembre qui va être un gros musée, plus de 400 toiles avec du Jonone, Banksy, Obey.

Par contre je suis très intéressé par les arts visuels mais pas spécifiquement du street art.

4) Pourrais-tu nous parler de l’Aérosol ? Qu’est ce qui est possible d’y faire ? Qu’est ce que c’est que d’être le directeur d’un tel endroit ? J’imagine que tu n’es pas tout seul, de combien de personnes est composé l’Aérosol ?

Ici c’est un lieu dédié aux cultures urbaines, je crois l’ensemble des cultures viennent de la rue, donc les compositeurs de musique de chambre, étaient des personnes qui habitait dans les faubourgs de Paris, ce lieu est donc voué à accueillir les gens qui créés.

Le coeur du projet, c’est que l’on souhaite rassembler les communautés autour d’un endroit, on ne veux pas que cela soit une gentrification d’un lieu que pour les bobos mais également un lieu pour rassembler les personnes du 18ème. Voilà pourquoi nous essayons de faire des partenariats avec des associations de la goutte d’or. On fait par exemple travailler des gens du quartier.

C’est un lieu qui est très ouvert, où tout le monde peux venir graffer, taguer, s’exprimer, faire de la glisse et l’idée est de faire en sorte que cela soit un lieu de croisement où ces populations puissent se rencontrer, avec une politique tarifaire pas trop excessive.

Crédits L’Aérosol

On peux venir se poser ici avec son propre pique-nique, sans être obligé de consommer. Et qui veux venir danser, peux ramener son poste. Qui veux venir faire du skate peux aussi, faire de l’escalade également, il y aura des ateliers de danse.

Il s’agit d’un lieu ouvert, ouvert sur les cultures urbaines qui a pour but de croiser ses différents publiques par le biais de tout un tas d’activités à même de répondre à tous ces tas de catégories de publiques.

Tous les jours nous invitons des deejays qui viennent s’exprimer, on réserve les mercredis et les vendredis pour que les gens viennent danser ici en rollers, activité qui se lie notamment au skate.

Le jeudi on est plus axé sur une programmation Hip Hop, avec des soirées qui s’appellent No Historical Backspin. Où on invite en grande partie les fers de lance du Hip Hop Parisien (Dee Nasty, Suspect, Dr Vinz…). À la rentrée septembre on va renforcer ces soirées hip hop avec des plateaux sur le quai en live/direct avec la radio Mouv’ et pleins d’autres choses vont arriver.

On est une vingtaine de personnes à travailler sur le lieu (régisseurs, sécurité, barman) et on est 3 co-gérants.

  • Aurore Béquet (Polybrid)
  • Kevin Ringeval (Polybrid)
  • David (Maquis’Art)

Il y a énormément de taff, depuis 3 mois. Ça été un gros paris car ce lieu fait 9000 m² et on a du le réhabilité et en faire un lieu accessible au public en 2 mois et demi.

C’est pour cela qu’il ne durera d’ailleurs que 6 mois et que l’on va s’y mettre à 100%.

Crédits L’Aérosol

5) A qui appartient l’Aérosol ?

Il s’agit d’un endroit qui appartient à la SNCF et ce projet c’est monté en partenariat avec la SNCF. C’est pas un partenariat de communication, ils sont vraiment très investie, ils sont vraiment pris par le projet, à tous les niveaux. Leur accompagnement est très qualitatif.
C’est marrant que ce lieu appartienne à la SNCF car on accueille principalement des graffeurs et on connaît l’histoire entre la SNCF et les graffeurs. Donc la SNCF a réfléchi et a décidé de passer à autre chose. Le graffiti fait partie de l’histoire de la SNCF, donc tout cela fait sens.

(Ce qui permettra notamment de canaliser certains graffeurs à ne pas aller graffer sur les trains mais sur les murs de l’Aérosol).

6) Qui a eu l’idée d’investir dans un hangar de la SNCF? pour faire un spot pour graffeurs et street artists ? une revanche à prendre contre la SNCF ?

Nous avec David, on avait commencer à réfléchir à ce projet il y a environ 1 ou 2 ans auparavant.

David avait lui plus en tête de vouloir faire un festival dédié au Hip Hop et puis moi j’avais plus en tête de vouloir monter un lieu. On c’est mis d’accord, puis on a commencé à chercher un lieu chacun de notre côté. Quelques mois après on a commencé à répondre à des appels d’offres, on a eu écho du fait que la SNCF voulait vendre ce lieu pour en faire un espace temporaire, nous nous sommes positionnés et nous l’avons obtenu.

Suite à cela nous avons décidé de faire de cet espace un lieu dédié aux cultures urbaines.

7) Ce que vous proposez c’est un musée d’art à ciel ouvert urbain et un moyen d’expression pour pouvoir graffer et chiller, est ce qu’il y a tout de même des restrictions pour pouvoir graffer ?

Sans restrictions aucunes, toutes les œuvres sont faites pour être repassés. Pour certains murs on est à la deuxième ou troisième couche de peintures. Notre objectif étant de d’ici 6 mois de faire en sorte que l’Aérosol deviennent finalement une énorme tâche de couleur.

Crédits L’Aérosol

8) Quels sont les artistes qui seront exposés dans votre musée ? Et qui sont ceux qui ont déjà pu graffer le spot ?

Sway, Rever, beaucoup d’artistes latinos qui sont venus peindre (Colombie, Brésil…) et puis ça tourne des grosses pointures comme des petites viennent prendre les murs.

9) Pourquoi avoir choisi de faire un spot pareil dans le 18ème on dirait que vous souhaitez rassembler un maximum les communautés autour de ce spot ? Ça me fait pensé à l’ancien spot de new york 5 pointz, est-ce que vous vous êtes inspiré de ce spot pour créer celui-ci ?

On c’est pas inspiré de New-York, mais c’est vrai que le concept est très new-yorkais. On c’est inspiré de rien du tout, sans regarder à droite à gauche, on l’a pondu comme ça. Sachant que je faisais beaucoup de free party dans l’univers techno, on était beaucoup dans l’exploitation de hangar, de comment les rendre vivants, comment les éclairer pour que cela donne quelque chose, comment y installer de la sono. Ces histoires coulent dans nos veines à David et à Polybrid depuis plusieurs années.

10) Apparemment il y aurait un musée de graff et de street qui est en préparation, peux tu nous en dire un peu plus ?

Le musée ouvre le premier septembre avec une inauguration le 31 août. Il est géré par David de Maquis’Art. 400 toiles qui vont s’installer dans le musée dont certainement partiront arriveront régulièrement pendant les 6 mois, donc ça sera un musée qui sera en mouvement, dont environ 150 toiles majeurs , artistes majeurs. La majorité des toiles appartiennent à des collectionneurs privée qui nous font confiance, qui nous les ont prêtés.

Il y aura une vente de certaines toiles à la fin de l’Aérosol.

11) J’ai vue que le Maquis’Art à investie le spot pour pouvoir vendre son matériel comment vous est venue l’idée ? Est-ce que vous souhaitez en collaborant avec eux comme à l’image de leur site faire venir tous les graffeurs du monde dans ce spot ?

Il y a une programmation qui est en cours et oui des artistes vont débarquer d’un peu partout. L’idée est bien de faire venir du monde et de faire en sorte que les artistes qui viendrait sur Paris pas forcément pour l’Aérosol, viennent peindre.

Il y aura donc quelques surprises et régulièrement des dédicaces de bande dessinés, car on a monté un partenariat avec les éditions Dargaud. Pas loin de 800 bandes dessinés seront mis à disposition du public.

12) Peux-tu nous parler également du simulateur numérique en réalité virtuelle ?

Dans cette idée de mixité et d’avoir des enfants sur place et que quelque chose de ludique soit mis à leur disposition. Deux dispositifs seront mis en place dans le musée. Un graffiti numérique (énorme écran où les gens pourront venir peindre avec une bombe de peinture numérique et grâce à une palette on peux choisir ça couleur, sa texture, on choisit le fond sur lequel on veux peindre et on s’exprime là dessus) et un graffiti virtuel où on mettra un masque et on pourra se déplacer de toit en toit dans des capitales du monde, on choisit son spot et puis on graffe grâce aux manettes.

Sachant que les enfants pourront également venir peindre sur le sol et sur les quais de manière physique également.

Le musée sera à 5€ sachant que le premier dimanche de chaque mois le musée sera gratuit de manière à ce que tout le monde puisse venir et est l’occasion de voir ce qu’il contient.

Crédits L’Aérosol-Maquis’Art

13) Quels sont les projets à venir dans ce spot ?

La programmation va venir prendre forme petit à petit autour d’une programmation musicale plutôt soul, black music, groove, house. On souhaite que tout cela soit très chaud et rien de très froid, j’entends par là, pas de technos ou autres.

Premier plateau de la Radio Mouv’ le 8 septembre.

Chaque jour des Deejays et les mercredis et vendredi dédiés aux rollers.

14) Est-ce que vous êtes ouverts à des projets de jam ou block party et à des événements au sein même de l’Aérosol venant de d’autres personnes ?

On s’inscrit dans cette démarche, les samedis sont carte blanche à des collectifs et ont reste ouvert à des propositions.

La programmation se fera donc en fonction des rencontres et comme on est pas dans l’optique de vouloir payer les gens qui voudraient le faire.

Donc t’as une idée, le lieu est là… bah … pourquoi pas.

15) J’ai cru lire que le spot fermera ses portes mais pas définitivement, le 28 janvier, pourquoi vouloir qu’un tel endroit ferme ses portes ?

On a investie de l’argent et beaucoup d’énergies pour 6 mois. Mais en même temps c’est ultra passionnant et c’est ce que nous aimons dans ce projet, c’est qu’il nous oblige et qu’il va nous obliger à tout donner pendant 6 mois pour qu’il soit toujours en mouvement et qu’il y ai toujours de la vie.

Le bail ne sera pas renouvelé, de toute manière des travaux commencent ici mais nous ne dirions pas non au fait que l’Aérosol bis puissent naître par exemple à Lyon, Toulouse, peut être en partenariat avec la SNCF ou avec d’autres. Finalement, ce lieu avec son musée, son concept puisse être mobile et se déplacer de régions en régions.

Le projet de l’Aérosol laissera place à un projet immobilier, donc ça fait partie du cahier des charges.

16) Aurais-tu des dédicaces à faire passer ?

Dédicaces à tous ceux qui travaillent ici à l’Aérosol.

17) Est-ce que tu aurais quelque chose à dire à ceux qui ne connaissent pas encore l’Aérosol ?

L’Aérosol lieu qui tend ses bras à Paris et au monde est ouvert du mercredi au dimanche.
Les mercredis et jeudis de 16h00 jusqu’à 23h00 pour le mois d’août et les vendredis samedi et dimanche de 12h00 jusqu’à 23h00.

Il est possible de venir manger ici (street food, food truck)

Passez nous voir.

Merci à Kevin et à l’Aérosol pour leur temps 🙂

Pour plus d’informations :

Plus de photos de l’Aérosol :

  

Plus de vidéos de l’Aérosol ici

Fado

Créateur de Not Only Hip Hop x Not Only Jams x Paris Park Jams Membre des groupes : Fresh Connex & Total Feeling Born & Raised in Paris

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