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Interview avec EKLIPS le Human Beatboxeur – MC- Imitateur : « Je sent moins la fibre Hip Hop dans les Beatboxers d’aujourd’hui « 

Nous avons rencontré dernièrement Eddy Blondeau aka EKLIPS, à la Place centre culturel Hip Hop à Paris. Il est l’un des rares artistes à imiter le flow d’autres rappeurs et à avoir pousser l’art du Human Beatboxing à un autre niveau.
Originaire d’Autun en Saône-et-Loire, il a su à force de travail et de passion à être invité de plusieurs émissions de radio/télé, à faire des shows à l’internationale et surtout à être reconnu et respecter par de nombreux MC dans le monde tel que Kool Shen, Busta Flex, Iam, Eminem, Busta Rhymes et d’autres. C’est donc un honneur pour Not Only Hip Hop d’interviewer un artiste de cet envergure et aussi reconnu à l’internationale.

1) Bonjour Eklips d’où te viens le nom Eklips ? Qui t’as donné ce nom? Savait-tu qu’un deejay s’appellait comme toi ?

Je parlais avec un pote deejay et on cherchait un nom de groupe, on avait trouvé Antidote dans un premier temps, mais ça existait déjà. Puis m’est venu en tête le Remède, une musique est une thérapie.
Puis en nom de MC, je regarde la lune je me dit l’éclipse, je l’écrit phonétiquement EKLIPS, je me suis dit que ça allait trop bien donc je l’ai gardé.
Concernant Deejay Eclipse, oui je l’ai rencontré et j’étais passé dans son émission de radio à Manhattan (New York).
L’eclipse retient l’attention, c’est un phénomène rare, c’est ce que j’essaie de faire pendant mes concerts j’arrive et je m’eclipse (rires).
 

2) As-tu toucher à d’autres éléments de la culture hip hop avant de rentrer dans le rap et le beatbox?

Avant je dansais avec les amis d’enfance, fête de l’école, début 90-91 mais très vite j’ai commencé à faire des bruitages avec ma bouche, quasiment en même temps, même avant je faisais déjà du bruit.
J’aimais bien chanté ce que j’écoutais, ma famille aimait bien écouté Michael Jackson.
Mais la culture Hip Hop était peut présente chez moi, il y avait les grands du quartier qui écoutait Rap Line, les freestyles de Radio Nova et qui ont décidé de faire un émission de radio en Bourgogne et de faire venir IAM en 1992 dans la cité pour un concert, où ma mère m’a interdit d’y aller, mais dans skyzofrench rap 2 j’ai pris ma revanche en les imitant à Marseille.
L’après-midi on jouait au foot et basket avec Freeman, Akhenaton et le soir au concert.
Donc les grands-frères était passionné par cette culture et nous on baignait dedans, on avait un petit locale, il y avait des platines, c’était un mini-terrain vague de La Chapelle.
Le nom du crew d’anciens c’était Kriminal Gang, le Kriminal possee, de vrais passionnés, moi j’étais trop jeune pour bouger, mais eux ils allaient au printemps de Bourge, Interviewer Assassin, NTM.
Avec le temps, chacun à fait sa vie, mais moi j’ai jamais lâché.

3) Les principaux éléments de la culture hip hop sont le break le mc le deejaying et le graff. Pourquoi est ce que le beatboxing fait partit de la culture hip hop selon toi?

Oui à fond. C’est peut être pas l’une des 4 mais le beatboxing ça fait partit du truc comme la manière de parler, de s’habiller, c’est tout une mode de vie, c’est quelque chose de très positif à la base.

4) Le beatboxing est un art ancestrale en inde (konnakol) en chine (par les koujis, les moines tibétains) il y a des siècles en arrière. Mais c’est aussi quelque chose d’utiliser dans le jazz et dans d’autres styles musicale. Puis utilisé par herbie hancok dougie fresh razel etc… En France Saian Supa crew, Sheek, Salim, fat. Comment expliques tu que cet art a tant évoluer durant les années pour en arriver aujourd’hui au human beatbox?

Pour moi c’est l’explosion d’internet, quand les petits ils ont vu les vidéos Youtube, c’est devenu virale.
Les petits commencent à s’entraîner chez eux, ils commencent à choper les techniques plus rapidement, après y’en a qui commencent à faire des tutoriels, des workshops.
Moi j’avais rien, donc j’ai fait tout avec rien, c’est ça le Hip Hop.
Le beatbox est venu tout seul pour moi en tout cas.

5) Comment expliques tu le boom du beatboxing ? Pourquoi est ce que tout le monde souhaites faire du beatboxing ?

Pour moi c’est l’explosion d’internet, des vidéos virales, c’est ce qui a évoqué des passions. Plus il y a de monde qui est au courant.
Puis les battles, les championnats dans chaque pays, championnat du monde.

6) Avant les human beatbox étaient des personnes qui accompagnaient les mcs pour leur donner le rythme aujourd’hui les human beatboxer utilisent des technologies comme des mpc et deviennent beaucoup plus technique pour faire leur propre beats et devenir autodidacte. N’as tu pas peur que cette art devienne trop individualiste et ne soit centré que sur une personne ?

Non je pense pas, je pense qu’il y a de tout.
Çà existe encore les crews de human beatboxers, des orchestres.
C’est très diversifié, après c’est vrai que les loops stations, les effets parfois, y’en a certains qui en utilisent un peu trop, donc ça se transforme en Jean Michel Jarre.
Il faut arriver à bien doser et avoir une interaction avec le public sinon c’est trop.

7) Les sons des human beatboxer deviennent plus electro techno house dub step avant c’etait l’inspi des drums de break pourquoi un tel changement ? Est-ce que tu reconnais toujours la fibre hip hop la dedans ?

Je la sent moins la fibre Hip Hop qu’avant c’est certains.
C’est vrai qu’ils sont beaucoup electro, trap, drum n bass, …
C’est l’évolution après.

8) Quels sont les Beatboxers qui t’ont influencé a vouloir faire ce métier ?

Aucun, parce que j’avais pas internet à l’époque.
Mais pour beaucoup de Beatboxer de ma génération c’est Razhel (ex The Roots) qui a fait explosé cet art, avec des interludes de beatboxing dans son album sinon y’a eu Scratch (The Roots), avec qui j’ai bien sympathisé lors du tournage d’une publicité de foot pour Nike. pendant une semaine.
Puis lors de l’été 2001 avant les attentats du 11 septembre on est partit aux Etats-Unis avec mon ancien collègue Sofiane du Remède.
On en a profiter pour aller voir Scratch à Philadelphie, il nous a emmené dans une boîte dans un quartier chaud et Hip Hop de Philly ou j’étais le seule blanc.
Les gens se disaient mais c’est qui celui là, ils m’ont pris pour un cainri quand j’ai commencé à rapper en américain, c’était un énorme souvenir, j’avais 21 ans.
C’est Scratch qui m’a inspiré dans les délires de Loop, c’était le premier que je voyais faire ça et j’avais kiffé.
Puis on a fait un show ensemble le Ultimate Beatboxer Tour, on a fait quelques dates ensembles en Europe, vers 2006.
Puis aujourd’hui, je regarde ce qu’il se fait, mais mon ADN est Hip Hop Old School.

9) À quoi ressemble ton quotidien ?

J’écoute beaucoup de musique, je fais beaucoup de dates avec DJ Mouss (Double H), on va souvent en Asie, je travaille beaucoup pour le show Hip Hop History, les répétitions, voyager, festival, première partie, etc.

Ça fait 2 ans que j’ai l’idée et environ 1 an que je bosse dessus pour que tout soit carré.

10) Comment as tu appris a faire ce que tu fais, par quoi as tu commencé ?

Je l’ai fait pour m’amuser, des potes qui me disait tu peux faire ça, donc j’ai finit après par faire mon propre univers.
C’était naturel, quand y’avait un son que j’aimais bien j’essayait automatiquement de le refaire, soit en fredonnant, en chantant la rythmique,…
Tout c’est fait à l’oreille, en écoutant la musique et à s’entraîner, car ça ne vient pas tout seul.

11) Si tu imites quelqu’un c’est parce que tu aimes ce qu’il fait artistiquement ou c’est parce qu’il est hype ? Par exemple pourquoi imiter method man/iam et imiter drake/nekfeu ?

C’est un peu des deux, mais c’est aussi des challenges.
Comme par exemple Niska que j’ai imité dans SkyzoFrenchRap 4, c’est celui que j’ai le moins bien fait, donc ça parle aussi de moi dans son réseau.

12) La culture hip hop est basé sur le fait d’etre soi même et de s’exprimer comme chaque personne est au plus profond d’elle même. Pourquoi avoir voulu copier le flow d’autres mcs ? Pourquoi n’avoir pas choisi d’être toi même ?

J’ai fait du rap avec le Remède mais vu que je faisais aussi beaucoup d’imitations puis du beatbox, je me suis aperçu tout simplement que la vérité c’était ça qui sortait du lot.
La vérité c’est qu’il y a beaucoup de rappeurs, donc la concurrence est trop rude, fait que ce qui rend le mieux c’est d’imiter les voix des autres, donc autant le développer à fond.
Puis je pense que le beatboxing vient aussi du fait d’imiter les instruments de musique et les rythmiques donc moi vu que j’écoutait beaucoup de rap j’ai voulu imiter les rappeurs et c’est venu naturellement.

13) Est ce qu’il y a eu des MCs qui t’ont accusé de copié leur flow (copyrights) pour faire tes shows et n’ont pas aimé ? Ou au contraire des personnes qui aiment ce que tu fais et te respecte ?

Tout le monde a kiffé ce que je faisais, il y a juste eu une embrouille avec Rohff et Booba, mais je sais qu’au fond d’eux ils s’en foutent et qu’ils doivent se dire il a du talent.
J’ai pas eu de problèmes sinon et puis même s’il y avait des problèmes ça ne m’arrêterais pas au contraire, ça serait encore pire, donc il ne vaut mieux pas.
Je suis anti-clash, mais il ne faut pas me clasher sinon je peux imiter la voix du mec et faire des trucs de fou, il vaux mieux pas rentrer dans ce délire.

14) Quelles techniques utilisent tu le plus dans le beatboxing ?

J’adore faire des scratchs, des voix, des samples vocaux.

15) Comment définirais tu ton style ?

Mon style est Hip Hop puis on me dit souvent que je suis caméléon aussi.

16) Que penses-tu de la scène beatbox par rapport aux autres pays où tu as pu voyager ?

En France le niveau est vraiment lourd et très élevé !
Le niveau est vraiment très bon partout dans le monde, en Asie aussi.

17) Comment juges tu dans un battle de beatbox ?

La musicalité, l’originalité, les patterns, le show, réussir à faire soulever la foule.
Puis au feeling, il faut que la personne réussit à tout faire et tout mélanger ensemble, il faut être le plus complet.

18) Quelques mots sur tes projets à venirEst ce que tu travailles dans l’imitation de nouveaux artistes ? J’imagine que tu dois être toujours en veille sur l’actualité des rappeurs comment est ce que tu te met en veille ?

Aujourd’hui y’a des sites Hip Hop, l’actualité est permanente, j’essaie d’écouter un peu de tout malheureusement parfois je ne peux pas tout écouter mais j’essaie d’être à la page.
Sinon la tournée Hip Hop History, des clips, des streams de musiques.
3 inédits aussi sinon l’un où j’imite Oxmo Puccino, Busta Flex, SkyzoFrenchRap 4.
Mais je créé toujours beaucoup donc il va certainement se passer quelque chose, un EP ou un album, toujours dans un délire d’incarnation d’imitations de voix, etc…

19) Quels conseils auraient tu à donner à ceux qui souhaiterait devenir beatboxer comme toi ?

Essayer d’avoir votre propre style, être passionné, qu’il n’écoute pas tout le temps les gens parce que des fois l’entourage peux dire de la merde, qu’il croit en eux, qu’ils travaillent, qu’ils aient une bonne oreille et qu’il fasse autre chose à côté si ça ne marche pas tout de suite.


Merci à Eklips de nous avoir accordé un peu de son temps pour cette interview, juste avant son premier show, L’histoire du Hip Hop à la Place Centre Culturel Hip Hop !

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Fado

Créateur de Not Only Hip Hop x Not Only Jams x Paris Park Jams Membre des groupes : Fresh Connex & Total Feeling Born & Raised in Paris

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