Présentation – Graffiti
Avant de vous présenter cette rubrique, un peu d’histoire s’impose.
Importée de Philadelphie en 1967, l’idée d’inscrire son nom suivi du numéro de sa rue sur les murs de leur quartier est reprise par les premiers taggers comme Julio 204, Frank 207 ou encore Taki 183 qui, dès 1969, s’attaquent aux stations et aux intérieurs des rames du métro new‐yorkais, moyen de communication idéal pour véhiculer son nom dans toute la ville et l’exposer ainsi aux yeux d’un très large public.
En automne 1971, suite à un article paru dans le New York Times du 21 juillet de la même année, présentant Taki 183 comme un jeune original avec un loisir unique et fascinant, les intérieurs des wagons du métro sont saturés de pseudonymes, raison pour laquelle les jeunes émules générés par ce fameux article décident alors de s’emparer de l’extérieur des wagons.
C’est alors l’apogée de la compétition : tout le monde invente, copie, modifie et agrandit jusqu’à ce qu’un wagon soit entièrement couvert en 1973, année charnière durant laquelle les techniques s’affinent, les styles se précisent et les writers s’affrontent dans une guerre graphique où le vainqueur reçoit de ses pairs le titre éphémère de roi de la ligne.
L’ultime étape est atteinte la nuit du 4 juillet 1976, lorsque Caine, Mad 103 et Flame 103 peignent ensemble « The Freedom Train », une composition de 11 wagons intégralement peinte, ce que l’on appelle dans le jargon un whole train.
A partir de 1973, le tag se diversifie en lettrage recherché et s’allonge en masterpiece (graff) : bubble style, top to botom. Phase2 des UGA (United Graffiti Artists) participe à la constitution d’une langue propre. Il développe le wildstyle, lettrage sophistiqué qui préserve le caractère « sauvage » du tag. Une langue propre à l’art de la rue naît le « New York city graffiti ». Koor, A‐One, Lee, Blade, Daze, Dondi, Toxic, Seen, Blast, Noc font partie dans la seconde moitié des 70 de ces précurseurs d’un expressionnisme aérosol original.
En France, les graffeurs s’exposent en galerie tout en continuant les sessions illégales sur le terrain. Le graff préserve en cela un côté « sauvage » à coté du travail en atelier : Jay, Skki, Ash2 (BBC), André, Axone, Hondo, Jone One, KKT, Mambo, Megaton (Base 101), Meo, Popay, RCF, Darco, Sandra, Schuck (Bazalte), Seeho, Sid‐B, Spirit, TCK, A‐One, Jonone, Sharp, Echo, Mode‐2…
Les terrains vagues de Stalingrad et de la Chapelle deviennent un lieu incontournable pour tous les acteurs de l’époque et Paris devient la ville la plus « cartonnée » au monde.
En 1986, le phénomène explose avec des groupes comme les CTK (Crime Time Kings).Les entrepôts de transports sont « explorés ». Bando, Sheek, Psyckoz, Spirit, Nasty se distinguent parmi d’autres. Le bloc style, brûlure, flop, drops fleurissent sur les murs et les toits.
A partir de 1987, tandis que le tag reflue, répression aidant, sans pour autant disparaître, les terrains parisiens deviennent les lieux privilégiés du travail en friche et points de repère des rencontres internationales jusqu’en 1990 (Stalingrad, Chapelle, relayé ensuite par Duvernet, la gare d’Auteuil, la petite ceinture figurent parmi ces hauts lieux).
Des styles élaborés se développent comme le fameux wild‐style, le freestyle, les personnages.
Les années 90 signent la fin de l’ère du terrain vague (fermeture + répression), les principaux graffeurs se replient dans les ateliers ou les friches.
Voilà un peu pour l’historique du graffiti de ses débuts à presque aujourd’hui.
Le graffiti est un phénomène omniprésent dans le paysage urbain.
Il permet au graffeur (ou graffiti artist, ou « Writer») de se réapproprier son environnement. Réalisé à l’aide de bombes aérosols, parfois d’aérographes, marqueurs, sa pratique nécessite adresse et entraînement et constitue une véritable technique artistique. Celle-ci fait intervenir de nombreuses notions plastiques (stylisation, géométrisation, équilibre, etc.) mais se trouve également en relation avec d’autres domaines artistiques (infographie, photographie, bande dessinée, etc.) En tant que moyen d’expression artistique, le graffiti est également porteur d’un message de révolte et d’affranchissement. Il représente souvent une recherche de reconnaissance, un défi à surmonter, ou un moyen exclusif d’expression.
Dans cette catégorie « Graffiti » nous aurons une partie Graffiti Art, une partie Street Art (souvent associé et proche du Graffiti mais qui est plus généraliste) ainsi que les meilleures endroits pour observer et pourquoi pas en faire à travers le monde.
Des articles viendront bientôt vous montrer en quoi cet art est unique.
À très vite pour des news Funky Fresh !