« Si les murs ont des oreilles ils peuvent aussi parler » Interview avec le Writer Parisien Sly2
Dans le cadre du Festival Underpressure 2016 à Montréal on avait eu le plaisir de faire la rencontre d’un graffeur français Sly2, il avait eu l’occasion de poser une fresque avec Wüna une graffeuse française habitant à Montréal.
Après avoir discuté avec Sly2 on c’est dit qu’il faudrait que l’on fasse une interview avec lui arrivé en France.
Quelques mois plus tard, on s’est rendu dans sa ville Antony (région parisienne) ou il était appelé dans le cadre d’un autre festival le Carrousel de l’Art – Street Art ou il allait peindre deux portraits, l’un d’une mannequin et l’autre d’une personne atteinte de trisomie 21.
Sly2 artiste autodidacte qui baigne dans le graffiti depuis la fin des années 90 commence à faire parler les murs au sein du collectif 3PP. Le portrait est un de ses sujets de prédilecti
Voyageur et en perpétuel questionne
Il nous a donc accordé un peu de son temps entre quelques coup de bombes de peintures pour discuter autour de son expérience et de sa vision du graffiti.
1) Pour ceux qui ne saurait pas qui tu es, peux tu te présenter ?
SLY2, cela fait maintenant 17 ans que je graffe, j’ai également toujours dessiné et peint, je fais parti du crew 3PP, j’ai commencé le graff par des amis du basket, qui un jour m’on demandé vu que je savais dessiner si je pouvais faire des personnages pour nos murs et à l’époque le nom de mon crew était JFO (Just a fast one) après ça été KOC et après 3PP qui est la réunion de 3 crews (des writers de Poitiers, de Paris et des Potes).
2) As-tu toucher à d’autres éléments de la culture hip hop ?
Avec un pote on rappait dans notre chambre avec un mini disque ou cassette, on tripait, on faisait ça par passion, ça nous arrivait d’enregistrer des textes et de kiffer.
Sinon j’ai toujours voulu apprendre à danser étant donné que j’ai beaucoup d’amis danseurs mais j’ai jamais essayé.
3) Quel est ton avis par rapport au street art ?
Pour moi le street art c’est l’art de rue, du coup l’art de rue ça peux être tout et n’importe quoi tant que c’est dans la rue.
Que ça soit un colleur d’affiche, un pochoiriste, un graffeur, un jongleur, ça fait partit de la même famille vu qu’ils évoluent dans la rue. Ceux qui font la différence entre graffeur et street artiste, qui disent que les street artistes sont des faux, c’est des vendues, pour moi c’est de la branlette d’aigri.
Il faut juste cohérent avec soi-même, si pour toi le graffiti c’est dans la rue alors ne va pas exposer en disant que c’est du graffiti parce que ça peux faire du buzz, ça fait tourner ton nom.
Par contre les gens crachent dessus car ils ne se font pas inviter, dès qu’ils sont invités c’est les premiers à sauter dessus.
Personnellement, je ne rentre pas dans la polémique il y a des vrais et des faux partout.
4) Que penses-tu de la scène Graffiti d’aujourd’hui, en France et à l’international ?
On sent bien les différents styles, aux États-Unies ou à Montréal au Canada par exemple à l’époque ils faisaient beaucoup de fond noir et c’est un peu des patchworks c’est à dire que chacun fait son taff et ils ne s’organisent pas trop sur les couleurs.
À mon époque il y avait deux styles marquant le graffiti américain et le graffiti allemand. Le style allemand était super propre, du coup j’étais plus dans le style allemand, le style espagnol qui était très coloré et maintenant il y a le graffiti d’Amérique Latine qui émerge car ils ont vraiment leur style.
Tous ces styles sont inspirants après j’essaie d’avoir mon propre style sans copier. On dit souvent que la source principale du graffiti Hip Hop vient des États Unies, je me suis rendu à 5 Pointz (La Mecque du Hip Hop) pour y peindre, mais il faut demander l’autorisation pour peindre là bas, à côté de toi il y a que des graffeurs étrangers et personne se parle, il n’y a pas d’échange pour moi à New-York je n’ai pas vue de graffiti, y’a rien, en plus le spot a disparu.
5) Quelles sont tes inspirations dans le graffiti ?
- Mode2
- Alex Mac
- Marko93
- Bom K
- Drane
6) Quel est ton top 5 des meilleures graffeur ?
C’est très dure parce qu’il y a beaucoup de graffeurs et de trucs que j’aime.
Je vais respecter plus quelqu’un qui a son propre style même si son style à la base ne me parle pas trop, plutôt que quelqu’un qui fait un lettrage chanmé mais qui reste dans les codes du graffiti et qui va reproduire ce qu’il se fait déjà, je vais plus respecter quelqu’un qui va prendre des risques, ça sera plus intéressant.
Un graffeur qui me fait kiffer en ce moment par exemple c’est un allemand Wes21.
7) T’es-t-il arrivé des mésaventures avec les forces de l’ordre ou avec d’autres graffeurs ?
Avec les forces de l’ordre ça m’est arrivé déjà plusieurs fois, avec des amendes à payer mais ça ne m’a pas freiner, ce qui est chiant c’est pour les parents.
Des mésaventures avec d’autres graffeurs, ça arrive mais ça ne sert à rien d’en parler, c’est un milieu à la con de toute façon.
Des graffeurs de ta région peuvent changer de visage à l’internationale.
Vu qu’il y a beaucoup de graffeurs en région parisienne, il y a beaucoup de méfiance, ça peux arriver par exemple si tu as des tâches de peinture sur toi et qu’une personne t’interpelles en te disant, est-ce que tu graffes ? que si tu dit oui, il va te demander tu poses quoi ? du coup je préfère demander à la personne ce qu’elle pose avant pour voir si on est pas en embrouille, même si je suis en embrouille avec personne, mais des fois il y en a qui aime bien inventer des astuces pour te détruire, ça peux partir très loin.
8) Tu as eu la chance de voyager, quels sont les meilleurs souvenirs que tu garde ?
Les rencontres !
Par exemple on a peint en Tunisie et au Sénégal avec d’autres graffeurs, il y en avait que je connaissais et d’autres que je ne connaissais pas et on a grave kiffé.
9) Quel est ton lifestyle ?
Je ne me considère pas comme un graffeur classique car il y en a beaucoup qui carburent à la bière aux joints et je ne touche à ni l’un ni l’autre (rire).
Ma vie va à 100 à l’heure mes projets s’entremellent et j’aime être dans la fraîcheur du moment et trouver l’inspiration en fonction de ce que je ressent.
10) Comment est ce que tu décrirais ton style ou ton toucher ?
Un style esquissé, spontané, je ne dessine pas, je peins. Si tu dessines tu dois faire des traits parfait et moi ça me soûle d’aller chercher l’esquisse parfaite, je n’ai qu’une envie c’est de peindre et de faire des effets avec la peinture, c’est beaucoup des jeux de lumières et de contraste et après je redessine par dessus toute cette masse, une esquisse, je vais aller chercher mon trait en permanence mais ce n’est pas parfait.
Techniquement j’utilise des fat caps pour faire ma base ou je place mes couleurs et après j’utilise un cap qui fait des traits feins et je vais faire des détails et redessiner comme si c’était un crayon à papier.
11) Quel est l’endroit le plus improbable ou tu as pu graffer ?
C’était dans un Boeing (autorisé) dans le cadre d’un festival organisé par la ville de Mourouj en Tunisie, une banlieue délaissée qui a une ancienne décharge publique et ils ont fait un parc par dessus, et dans le parc t’as un train, un boeing et une barque.
Nous on devait peindre le boeing, on était 5 graffeurs français et 5 tunisiens.
12) Peux tu nous parler de tes projets solo ?
Actuellement, je suis en train de travailler sur un bouquin d’illustration en couleurs.
J’ai déjà travailler sur un premier bouquin qui s’appelle « Traits Très Noirs » qui sont des illustrations qu’en noir et blanc.
Sinon on m’invite à des festivals de graffiti, dernièrement j’ai pu notamment être convié au festival Underpressure et le festival Street Art d’Anthony.
13) Est-ce que le graffiti est un moyen d’expression qui permet de dénoncer quelque chose ?
Dans le graffiti on fait ça aujourd’hui devant les gens, ce qui est intéressant c’est d’avoir une confrontation avec des gens et d’en parler avec eux.
14) Aurais-tu des conseils à donner à ceux qui souhaiterait se lancer dans le graffiti ?
Trouver votre style, développer votre touche et soyez-vous même.
15) Aurais tu des dédicaces à faire passer ?
Dédicace à Not Only Hip Hop qui véhicule des bonnes valeurs du Hip Hop ainsi qu’à mon pote Karim de Belgique qui gère une page facebook qui s’appelle Together We Stand.
Après y’a pleins de monde, dédicace à tout ceux que j’ai pu croiser en voyage.
Merci à Sly2 de nous avoir accordé du temps pour répondre à nos questions.
Copyright photo couverture : by Wüna
Pour plus d’informations :
D’autres projets de Sly2 :
Ping : Interview de la Graffeuse WUNA : « La Culture Hip-Hop reste ma principale source d’inspiration » (partie 2) | Not Only Hip Hop