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Interview John Smith Total Feeling

Après le succès de la Welcome To The Cypher Park Jam, du 17 septembre à Arcueil, nous voulions vous parler de l’un des vainqueurs du 2vs2, Jean Baptiste Matondo aka B-boy John Smith qui nous vient tout droit de Nogent-Sur-Oise en Picardie, il représente le groupe Total Feeling et nous le remercions pour son précieux temps pour l’interview.

John Smith & sa fille à la Welcome To The Cypher Park Jam – Crédits _ocelotl.inti_
D’où vient ton nom de B-boy ?

Autrefois, j’étais membre d’un groupe appelé la Ligue des justiciers. Pour ceux qui connaissent l’univers de DC comics, je m’étais identifié au Martien de cette équipe de héros. Son nom est J’onn J’onzz ou John Jones pour les Terriens. Cela dit, j’étais persuadé qu’il s’appelait John Smith. On peut estimer que John Smith est une erreur, un ovni, je dirais même plus un virus à l’image de l’agent Smith dans la trilogie Matrix.
En définitive, cette civilité ne m’a plus quitté.

 

J’onn J’onzz – La Ligue des Justiciers DC Comics

 

Quand as-tu commencé le breaking ?

J’ai débuté le Breaking en 1999 à Nogent-sur-Oise, une petite ville du sud de la Picardie.

Pourquoi as-tu commencé ?

J’avais besoin de combler un manque. Ou bien, je devais être quelque peu hyperactif comme ma femme aime me qualifier. Quoi qu’il en soit, j’ai commencé le Breaking pour la simple et bonne raison que cette pratique m’ouvrait le champ des possibles. C’était une manière de faire ce qui n’était pas possible de faire à la maison.

Quelles sont tes premières influences ?

Sans tergiverser, Kmel des Boogie Brats est de loin ma plus grande influence bien que l’impulsion m’ait été donnée par la communauté Hmong de la ville où je vivais durant mon adolescence. En effet, les Hmong de Nogent-sur-Oise étaient les premiers bboys que je voyais. D’ailleurs, By Vang et Sisavan du groupe Liaison Fatale (qui sont tous les deux des Hmongs) m’ont initié au powermoves.

Comment es-tu rentré Total Feeling ?

Je crois que mon intégration dans Total Feeling s’est faite naturellement dans la mesure où je m’entraînais avec les membres de ce groupe. Gary, l’un des fondateurs du groupe m’avais proposé de danser avec Total Feeling une fois, puis une deuxième fois. Je suppose que la troisième fois marquait mon statut officiel dans l’équipe.

Es-tu toujours actif avec les Joyeux Loufocks & la ligue des justiciers ?

À vrai dire, cela fait bien longtemps que je n’ai plus brandit les couleurs de ses groupes. La ligue s’est éteinte lorsque tous ses justiciers ont déménagé voire changer de vie.

Cela étant, Joyeux Loufock existe toujours. Il ne fait aucun doute que les activités de Joyeux Loufock sont toujours d’actualité. L’un juge des battles dans toute la planète, l’autre est chorégraphe de sa propre compagnie de danse, un autre est organisateur de battle. Aussi, certains ont développé des compétences liées au Breaking telles que le graffiti ou le yoga.

Comment tu pourrais décrire ton style ?

J’ai du mal à d’écrire ce que je n’ai pas eu le temps ou la peine d’analyser. Pour autant, je peux confirmer que l’esthétique est un critère auquel je suis très sensible, qu’elle soit vestimentaire ou bien dans le mouvement.

Selon moi, l’approche musicale doit faire l’union avec le critère cité plus haut afin de créer l’harmonie parfaite. Et de toute évidence, des fondations solides doivent être imprimé dans le corps. Ce mélange créé un genre de trinité artistique ; cela en devient presque ésotérique.

John Smith à la Welcome To The Cypher Park Jam – Crédits Will Break
Touches-tu à d’autres éléments de la culture hip-hop ? Si oui, lesquels ? Peux-tu nous en parler ?

Avant le Breaking, je rappais. Je faisais partie d’un groupe appelé « Les experts ».
Je reste marqué par le rap des années 90. Autant Lino de groupe Arsenik reste de loin le meilleur rappeur de sa génération, autant Despo Rutti est à mon sens le meilleur rappeur français du 21e siècle.

Parle-nous de Zola Couture ?

Zola est mon deuxième prénom qui signifie « Amour » en kikongo, une langue ancestrale congolaise. J’ai démarré ce projet en 2018 en raison du fait que j’avais pour ambition de véhiculer la notion d’amour à travers le vêtement comme un chanteur à travers ses chansons. En septembre de cette même année, je présentais ma première et unique collection à la halle 104 Paris lors d’un concours chorégraphique que j’organisais en parallèle. De vous à moi, cette manifestation mettait en évidence l’amour sous toutes ses coutures.

Tu es partie vivre à la Réunion, comment est la scène Breaking là-bas comparée à la scène parisienne ?

Sans surprise, la scène breaking de la Réunion parait différente de celle de la métropole, à premier abord. Selon moi, elle rencontre les mêmes problématiques que la scène parisienne et en particulier la rupture entre la génération de la fin des années 90 et celle du début des années 2000. Cette tendance tend à évoluer dans une meilleure direction, et pour cause, de belle collaboration intergénérationnelle naisse ces dernières années. La série que retrace le groupe de rap Suprême NTM « Le monde de demain » en est un bon exemple. Pour que ce projet aboutisse, des bboys des années 80 tel que Niko et Solo de Paris City Breakers ont collaborés avec les acteurs de celong métrage.
Concernant l’ile de la Réunion, il est certain qu’un potentiel énorme sommeille ici, qui plus est, ne demande qu’à se réveiller tel le Piton de la Fournaise. Faut-il que les plus anciens se réconcilient les uns les autres, puis qu’ils soient disponibles à l’échange et au partage de savoir à destination des plus jeunes. Côté nouvelle génération, ils auraient tout à gagner à ne pas reproduire les erreurs de leurs prédécesseurs, de plus qu’ils s’ouvrent aux autres à condition qu’ils sont disposés à apprendre d’autrui.

Tu as connu les spots de la Défense et de la Place Carré, peux-tu nous parler de ces spots mythiques de la scène parisienne ? (atmosphère, codes, anecdotes, …)

À mon sens, l’époque de Châtelet-les-Halles répond également à la question précédente. De même que l’atmosphère était pesante, de même, il n’était pas aisé d’obtenir l’information des bgirls/bboys première génération. À mon sens, ce manque de communication était en partie responsable de la rupture entre OG’s et Middle School.
Mon acolyte Célestin avait échangé quelques passages avec Salah à cause d’un mot déplacé venant de l’un des membres du Vagabond Crew. Le défi s’était terminé en 2 vs 2 ; Salah et Neil vs Célestin et moi sur la Place Carré.
Je n’ai connu que les dernières années de ce spot mythique pour autant, j’en garde un bon souvenir.

Tu es l’un des b-boys des TFC qui est allé à la salle des X-ception pour faire un défi, peux-tu nous parler de cette expérience ? Et comment tu t’es sentie avant et après l’avoir fait ?

Il m’est difficile de vous raconter cet épisode sans remettre le contexte en place. Il s’avère qu’un des membres d’X-ception m’avait défié alors que j’étais un jury du battle WazUp organisé par Skezzo. En effet, le trio de jury composé de Ben Johnson, Niko et moi-même ne l’avions pas sélectionné pour les huitièmes de finale.
Du fait que l’organisateur ait banni les calls out à cause du manque de temps, le défi n’a pu avoir lieu sur l’instant présent. C’est pourquoi, j’ai été ridiculisé sur Facebook par les détracteurs que je salue au passage.
Pour tout vous avouer, je n’ai pas pris part aux commentaires, les lire ne m’intéressais pas.
Étant donné que les commentaires ne désemplissaient pas après une semaine, je décidais de me rendre à Sartrouville là ou X-ception s’entraîne régulièrement. Naturellement, Total Feeling m’a suivi. Je préfère vous passer les détails, ce qui devait se produire s’est produit :

  • D’abord, mon adversaire avait malheureusement la langue trop bien pendue.
  • Puis, le détracteur est resté assis et a contemplé le spectacle.
  • Enfin, X-ception a défendu sa maison comme des Spartiates.

Aussi, je tiens à saluer chaleureusement les bboys qui ont pris part au battle. Ils se reconnaîtront.

Tu as partagé de nombreux moments avec Tonio (paix à son âme), qu’est ce qui t’a le plus marqué chez lui et que gardes-tu au fond de toi ?

Figurez-vous que je n’étais pas partisan de l’inclure dans le groupe Total Feeling.

John Smith & Tonio – Credits Breakleague

Au départ, je ne le connaissais pas assez alors je ne comprenais pas pourquoi certains du groupe souhaitaient son intronisation. Quelques années plus tard, il deviendra mon ami, mon frère. Je ne m’éterniserais pas sur sa danse, les vidéos restantes de lui parlent d’elles-mêmes. Toutefois, je peux vous assurer que j’ai passé des moments inoubliables à cet homme. Imaginez-vous deux Congolais dans un groupe de blanc ? Nous avons tellement ris ensemble.
En définitive, je garde le souvenir d’un frère qui était plutôt évasif sur sa vie privée, mais qui aimait sans compter.

On t’a déjà vu dans pas mal de Jams qu’est-ce que tu aimes dans les Jams ?

Je ne suis pas forcément un adepte des jams et pour cause, les musiques se ressemble trop souvent. Il y a trop de funk à mon goût. Cependant, c’est l’espace ou le temps n’est pas une contrainte. En clair, tu as tout intérêt à prendre ton temps pour profiter du moment présent.

Quelle est la principale différence pour toi entre les Jams et la compétition ?

Dans l’absolu, il n’y en a pas. La différence réside dans la façon dont chacun appréhende la jam ou la compétition.

Il n’y a que l’espace qui diffère. Danser sur une scène de 10*12 mètres apportent des sensations autre que celles que l’on peut ressentir dans un cercle de 4 mètres de diamètre.

C’est quoi la prochaine jam à laquelle tu vas participer ?

Pour l’instant, je n’ai rien prévu. Je viens de rentrer de Paris et je digère tout ce que j’ai partagé avec chaque personne. Je prends le temps d’apprécier ce qui vient à moi.

Quel Jam voudrais-tu aller dans le monde ?

Peu importe pourvu que ce soit avec mes potes, mon crew.

Ton Top 5 des meilleures musiques pour Break ?

Je n’écoute pas de musique pour le Break, j’écoute de la musique, tout court. Je préfère vous partager un top 5 de musiques que j’écoute actuellement.

  • Jewtice – Les sirènes du charbon
  • Diame Beatmaker – Police
  • T-Killa feat Lino – Dernier Malaxe act 4
  • Fugees – Cowboy
  • Benjamin Epps – Kennedy en 2005

Quelles sont tes chaussures préférées pour Break ?

Je n’ai pas de préférence en chaussure. J’aime danser avec celles qui allient confort et allure. En revanche, j’aimerais vivement essayer de breaker avec des derbys, ou des mocassins par exemple.

Des bboys/bgirls avec qui tu aimerais échanger ?

Avec celle ou celui qui me stimulera. Pour tout vous avouer, je m’ennuie très vite en battle.

As-tu des conseils à donner aux nouvelles générations ?

Faites les choses avec amour !

Des futurs projets personnels ?

Je voudrais faire tellement de choses en même temps. Pour l’instant, je me concentre sur le vêtement.

Un dernier mot ?

C’est mon dernier mot Jean-Pierre !

John Smith à la Welcome To The Cypher Park Jam – Crédits aburridx.erra

Merci à John Smith pour son temps pour l’interview, nous lui souhaitons le meilleur dans ces projets !

Pour suivre John Smith sur le web :

Fado

Créateur de Not Only Hip Hop x Not Only Jams x Paris Park Jams Membre des groupes : Fresh Connex & Total Feeling Born & Raised in Paris

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